
Bodyboard : le frère rebelle du surf, est-il en train de retrouver son indépendance ?
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Bodyboard : le frère rebelle du surf, est-il en train de retrouver son indépendance ?
Quelques mois avant les Jeux Olympiques en France, où le surf sera à l'honneur, quelques bodyboardeurs passionnés et acharnés viennent de lancer un nouveau format de compétition sans affiliation à la Fédération Française de Surf (FFS) et à l'antithèse du système du surf.
Le bodyboard a toujours été une discipline à part. Considéré comme le petit frère du surf, né dans sa version moderne dans les années 70 grâce à son père Tom Morey, le bodyboard a connu son âge d'or dans les années 80 et 90 avec un succès mondial.
Une petite planche en mousse avec laquelle s'amuser dans les vagues, plus abordable qu'une planche de surf, plus facile d'accès et avec la garantie de ressentir des sensations de glisse et de profiter de l'océan. Qui n'a pas eu une planche BZ ou la célèbre Mach 7-7 de Morey Boogie dans son garage ?
En fait, il était même devenu courant d'appeler un bodyboard un Morey. L'industrie du surf s'est délectée pendant de nombreuses années de la vague de pratiquants créée par le bodyboard avant de lui tourner le dos pour concentrer ses efforts sur le shortboard, qu'elle désignerait comme la seule discipline valable pour les décennies suivantes. La discipline, privée du soutien financier des géants de l'industrie et mise de côté par les médias du « surf », aurait clairement pu mourir et disparaître des plages. Mais la voilà, le bodyboard en seulement 20 ans avait déjà créé une véritable culture avec des icônes légendaires comme Mike Stewart, Ben Severson, Paul Roach, Keith Sasaki, et des enfants du monde entier étaient passionnés par cette pratique. Une culture avec des valeurs communes au surf mais qui n'a jamais été pervertie par l'argent.
À la fin des années 90, on sent déjà les bodyboardeurs vouloir s'émanciper de l'industrie du surf, comme lorsque l'AFB a été créée avec un circuit national en parallèle des compétitions de la FFS, jusqu'à l'arrivée de Matthieu Walbrou qui a redéfini ce qu'une compétition de bodyboard devait être, modifiant les critères de jugement et restaurant la place du bodyboard au sein de la FFS pendant de nombreuses années.
Mais maintenant, près de 20 ans plus tard, le bodyboard est retombé dans les travers de son grand frère : des compétitions de moins en moins excitantes alors que le niveau est parmi les meilleurs au monde, un manque de dynamisme, plus de championnats d'Europe ni du monde.
En 2022, il était alors temps de redéfinir à nouveau ce qu'une compétition de bodyboard devrait être et puisque le sujet n'intéresse pas la FFS, ce sera donc sans elle.
Le BZ Rebel Tour pose donc les bases en reprenant ce qui constitue l'ADN de la discipline : une compétition lancée uniquement sur une vague adaptée offrant des vagues creuses et permettant de réaliser des tubes et des figures aériennes ; uniquement lorsque les conditions sont favorables, donc sur une période d'attente avec le lancement officiel quelques jours avant ; sur invitation pour éviter les compétitions longues où les participants passent leurs week-ends à attendre sur le sable ; avec un format de séries plus longues et sur deux tours, permettant de surfer plus longtemps ; un système de notation basé sur deux critères : la meilleure figure et la meilleure combinaison encourageant les compétiteurs à viser l'excellence sur chaque vague surfée ; enfin, une compétition indépendante de toute pression financière, les participants mettent en commun la cagnotte avec leur inscription, le vainqueur remporte tout.
Une compétition où le plaisir, le plaisir de partager un moment entre passionnés, et où l'action sont au rendez-vous. Mais aussi la première pierre posée pour organiser et juger cette discipline différemment, définitivement à part.
La première édition vient de se tenir à La Salie, Martin Mouradian remporte l'événement devant Ethan Capdeville et Jérémy Arnoux.